La recherche nous éclaire sur ce qui ne marche pas
Ils y ont combiné 80 années d’études sur l’apprentissage et la mémoire et les ont résumées à l’aide du romancier Peter Brown. Le but de l’ouvrage est de proposer des recommandations pratiques à l’usage des enseignants, formateurs et élèves en s’appuyant donc sur des études expérimentales (un peu de neurosciences) ayant permis de valider l’efficacité de certaines stratégies dans des contextes d’apprentissage différents ; et bien sûr d’en invalider d’autres…
La lecture répétée et le surlignage des cours
Ce sont hélas les techniques les plus répandues. Pourquoi ça ne marche pas, surtout s’ils sont pratiqués à l’exclusion de toute autre méthode : la familiarité avec un cours lu et relu donne l’illusion de le maîtriser et fait se dire à l’élève, avec une satisfaction bientôt démentie, « ah, je le sais ça ! » ; mais, face au devoir ou à l’exercice, il se trouve dans l’incapacité de mobiliser les notions de cours ou de les appliquer dans un contexte nouveau. Plus ennuyeux encore, les raisons de l’échec ne lui apparaissent pas : quoique déçu par le résultat obtenu, il reste persuadé d’avoir « pourtant appris son cours ».
Il ne comprend pas qu’il n’avait en fait pas compris… et reproduit la même erreur lors du contrôle ou examen suivant. Quant au surlignage, plébiscité parce qu’il a l’avantage de la facilité et de la rapidité, il n’apporte pas d’information supplémentaire qui permette de mieux comprendre le cours.
En outre, il est souvent surutilisé : les notes de cours recouvertes de jaune fluo saturent les capacités d’attention. Surligner, s’il s’agit d’une fin en soi (et non d’un moyen pour concevoir par la suite, par exemple, une fiche de révisions ou un autotest) n’apporte aucun bénéfice.
L’apprentissage massé, soit le fameux bachotage
Pratique bien connue de tous les lycéens et étudiants qui ont trop attendu pour entamer leurs révisions et se lancent dans une course contre la montre effrénée à quelques jours de l’échéance. C’est, on s’en doute bien, une mauvaise idée : pour apprendre, c’est-à-dire pour inscrire durablement une information dans la mémoire à long terme, il faut pouvoir y revenir à intervalles réguliers, un peu plus espacés à chaque fois.
Cela demande du temps, et un cours qui n’a été vu qu’une ou deux fois est par conséquent oublié dès l’évaluation passée. Outre une ennuyeuse perte de temps pour l’élève (puisque tout est à recommencer à chaque fois), cela rend difficiles voire impossibles les apprentissages suivants : pour acquérir une nouvelle connaissance, il faut pouvoir la relier à celles qui sont déjà mémorisées.
Les techniques d’apprentissage faciles et rapides
Celles qui ne donnent pas l’impression de travailler. Inutile d’écouter les faiseurs de miracle : il n’existe pas de solution magique pour apprendre en un claquement de doigt de grandes quantités d’information ou maîtriser en clin d’œil une notion ou un savoir-faire un peu complexe ; car notre cerveau est ainsi fait : c’est lorsque l’apprentissage est suffisamment difficile – ce qui ne veut pas dire pénible – qu’il requiert un effort, qu’il s’inscrit durablement dans la mémoire.
Les 3 stratégies-clés à adopter sans tarder
Au contraire des techniques précédentes, voici ce que les auteurs préconisent, à la lumière des recherches actuelles, aux élèves et étudiants en situation d’apprentissage et de révisions.
S’interroger sur ses apprentissages, s’autoévaluer
Le but est tout d’abord de remplacer la lecture passive d’un texte ou de notes de cours par une démarche active, en faisant des pauses régulières pour se poser des questions le contenu du cours (« quels sont les mots-clés, les définitions à retenir ? Comment pourrais-je reformuler cette idée, expliquer cette notion ou définir ce mot ? ») ou son usage (« Quels liens puis-je faire avec les cours précédents, qu’ai-je appris de nouveau ? Quelles questions pourrait-on me poser sur ce cours ? »).
Il s’agit ensuite, immédiatement après cette lecture, de se tester en répondant à un quiz portant sur l’ensemble du cours. Ce type de test peut être disponible dans le manuel scolaire, en fin de chaque chapitre, dans un ouvrage parascolaire ou encore sur une plateforme de soutien scolaire en ligne. Composer soi-même son propre questionnaire est également très efficace, tout comme demander à un tiers de poser des questions ou, mieux, lui expliquer l’intégralité du cours : se mettre à la place d’un enseignant est un test imparable pour savoir si oui ou non un cours est su et compris.