L’enseignement à domicile en Europe et dans le monde
L’enseignement à domicile est une pratique qui varie considérablement d’un pays à l’autre, tant en termes de popularité que de cadre légal. En Europe, les approches sont diversifiées, allant de la liberté totale à des interdictions strictes.
En Europe
Dans des pays comme le Royaume-Uni, l’enseignement à domicile est largement reconnu et soutenu par un cadre législatif souple. Les parents ont la liberté de choisir cette option sans avoir à justifier leur décision, bien qu’ils doivent garantir que l’enfant reçoit une éducation adaptée à ses besoins. Ils sont soumis à des contrôles réguliers pour s’assurer que l’enseignement dispensé correspond aux normes éducatives.
En France et en Belgique, l’enseignement à domicile est autorisé mais soumis à des régulations strictes. En France, par exemple, les familles doivent obtenir une autorisation de l’administration académique et sont contrôlées annuellement par les inspecteurs de l’Éducation nationale. Le but de ces contrôles est de vérifier que l’enfant progresse dans son apprentissage et qu’il reçoit les bases du socle commun de connaissances et de compétences.
D’autres pays, comme l’Allemagne et la Suède, ont adopté une approche beaucoup plus restrictive. En Allemagne, l’enseignement à domicile est interdit depuis 1938, sauf dans des cas très spécifiques, comme les enfants gravement malades. Le gouvernement allemand justifie cette interdiction par la volonté de favoriser la socialisation des enfants et de garantir leur intégration dans le système éducatif public. La Suède impose également des restrictions strictes, limitant l’enseignement à domicile aux situations exceptionnelles.
Dans le monde
En dehors de l’Europe, des pays comme les États-Unis et le Canada sont connus pour offrir une grande liberté aux familles pratiquant l’enseignement à domicile. Aux États-Unis, environ 3% des enfants sont instruits à domicile, avec des lois qui varient d’un État à l’autre. Certains États demandent aux parents de soumettre des programmes éducatifs et d’effectuer des contrôles réguliers, tandis que d’autres laissent une marge de liberté plus large.
Dans le reste du monde, l’enseignement à domicile est une pratique émergente. En Australie et en Nouvelle-Zélande, il est légal et de plus en plus courant. En Asie, notamment au Japon et en Corée du Sud, cette pratique reste minoritaire mais connaît un développement progressif en raison du stress lié au système éducatif traditionnel.
En résumé, l’enseignement à domicile est un choix éducatif qui suscite des réactions et des politiques variées à travers le monde. De nombreux pays adoptent une approche équilibrée, cherchant à respecter la liberté des familles tout en veillant à la qualité de l’éducation et à la socialisation des enfants.
L’enseignement à domicile : une pratique de plus en plus encadrée en France
En France, il existe plusieurs approches de l’enseignement à domicile. Connu sous le nom d’instruction en famille (IEF), il est soumis à une réglementation stricte. Au fil des années, les lois encadrant cette pratique ont évolué pour garantir la qualité de l’éducation et la protection des droits des enfants. Ces évolutions ont des répercussions significatives sur les familles qui choisissent cette voie.
Les évolutions légales de l’instruction en famille en France
Avant 2021, l’instruction en famille (IEF) était relativement simple : les parents pouvaient choisir librement cette option en faisant une déclaration auprès de la mairie et de l’inspection académique. Aucune autorisation préalable n’était nécessaire, ce qui offrait une grande liberté aux familles. Cependant, cette liberté a suscité des inquiétudes, notamment concernant les enfants « déscolarisés » pour éviter l’école publique.
Cette situation a entraîné une vigilance accrue envers l’IEF. Des pays comme l’Allemagne ont déjà restreint cette pratique à des cas exceptionnels, et des contrôles stricts ont été mis en place dans d’autres pays européens. En France, depuis avril 2018, la loi Gatel a renforcé les contrôles des écoles hors contrat. De plus, le plan national de prévention de la radicalisation, lancé en 2018, visait à mieux organiser le contrôle des familles non scolarisantes.
En 2019, la loi du 26 juillet, dite de « l’école de la confiance », a souligné la nécessité de renforcer les contrôles de l’instruction à domicile pour garantir le droit à l’éducation pour tous les enfants. Ces évolutions ont préparé le terrain pour les changements plus stricts introduits en 2021, visant à garantir une éducation de qualité et à prévenir les dérives.
L’enseignement à domicile : une opportunité pour explorer des pédagogies alternatives
L’enseignement à domicile offre la possibilité d’explorer des pédagogies alternatives qui ne sont pas toujours proposées dans les établissements scolaires traditionnels.
Parmi ces méthodes, on retrouve l’approche de John Holt, un des pionniers du mouvement pour l’instruction en famille, qui prônait une éducation basée sur la curiosité naturelle de l’enfant. Selon lui, l’apprentissage autonome et la liberté de choix sont des avantages de l’enseignement à domicile qui permettent de s’adapter au rythme et aux intérêts de chaque élève.
Ces pédagogies alternatives mettent l’accent sur le respect du développement individuel, tant sur le plan académique que sur le développement social de l’enfant, en favorisant l’autonomie et la responsabilisation.
L’une des raisons principales pour lesquelles les familles choisissent l’instruction en famille est la possibilité d’adapter les méthodes éducatives en fonction des besoins spécifiques de leur enfant.
Les pédagogies alternatives, telles que Montessori ou Steiner, offrent une flexibilité qui permet de contourner les contraintes du système éducatif classique. Ces approches favorisent également le développement social en proposant des activités collaboratives et créatives.
Si l’on considère le chiffre croissant de familles optant pour ces modèles, il est clair que les avantages de l’enseignement à domicile sont de plus en plus reconnus, à la fois pour l’épanouissement intellectuel et personnel des enfants.
Quand peut-on décider de mettre en place un enseignement à domicile ?
La décision de mettre en place un enseignement à domicile peut être prise à tout moment, de la maternelle à la terminale, selon les besoins et la situation de l’enfant. Ce choix peut survenir en début d’année scolaire, ou même en cours d’année, en réponse à des circonstances spécifiques.
Durant la crise sanitaire liée à la COVID-19, par exemple, de nombreuses familles ont pris cette décision pour protéger l’intégrité physique de leurs enfants, tout en maintenant leur apprentissage à domicile. L’enseignement à domicile permet alors de créer un environnement d’apprentissage sécurisé, particulièrement lorsque la scolarisation en présentiel présente des risques pour la santé.
En dehors des situations de pandémie, d’autres raisons peuvent conduire à cette décision, comme les phobies scolaires, les troubles de l’apprentissage (dyslexie, TDAH), ou des difficultés d’intégration sociale à l’école.
Les familles peuvent aussi choisir cette option pour suivre une pédagogie alternative plus adaptée à leur enfant. Des motifs médicaux, comme une longue convalescence, ou des engagements sportifs et artistiques intenses, peuvent également justifier l’enseignement à domicile. Quelle que soit la raison, cette flexibilité permet d’ajuster l’éducation aux besoins uniques de l’enfant.
Les impacts des régulations sur la pratique de l’enseignement à domicile
Les nouvelles régulations ont eu plusieurs impacts significatifs sur les familles pratiquant l’IEF :
- Réduction du nombre de familles pratiquant l’IEF : Les exigences plus strictes et la nécessité d’obtenir une autorisation ont dissuadé certaines familles de choisir cette option.
- Augmentation des démarches administratives : Les parents doivent désormais soumettre des demandes détaillées et justifier leur choix chaque année, ce qui ajoute une charge administrative.
- Adaptation des pratiques éducatives : Les familles doivent souvent adapter leurs méthodes pédagogiques pour se conformer aux exigences des contrôles pédagogiques renforcés, ce qui peut nécessiter des ressources supplémentaires.
- Ressources et soutien : Les familles pratiquant l’IEF se tournent davantage vers des associations et des réseaux de soutien pour naviguer dans les nouvelles régulations et partager des ressources pédagogiques.
Instruction en famille : l’importance des contrôles pédagogiques
L’instruction en famille (IEF) est soumise à des contrôles pédagogiques réguliers pour s’assurer que les enfants concernés reçoivent bien une instruction et qu’ils acquièrent des connaissances.
Comment s’effectue un contrôle pédagogique ?
Les contrôles pédagogiques pour l’IEF sont menés par les inspecteurs de l’éducation nationale et sont organisés de la manière suivante :
- Notification : Un contrôle est effectué au moins une fois par an, à partir du troisième mois suivant la délivrance de l’autorisation d’instruction dans la famille. Le contrôle peut avoir lieu sans notification préalable.
- Déroulement : L’inspecteur rencontre les parents et l’enfant pour discuter des méthodes pédagogiques utilisées et des objectifs éducatifs. L’enfant doit réaliser des exercices écrits ou oraux adaptés à son âge et à son état de santé, permettant à l’inspecteur de vérifier ses connaissances et compétences, notamment à la fin de chaque cycle d’enseignement.
- Rapport : Un rapport écrit est rédigé à la suite du contrôle, qui est communiqué aux parents dans un délai maximum de trois mois. Ce rapport détaille les points forts et les axes d’amélioration.
Quelles conséquences et quels recours en cas de non-conformité ?
Si le contrôle pédagogique révèle des insuffisances, plusieurs étapes peuvent suivre :
- Les parents sont mis en demeure de rectifier les insuffisances dans un délai défini.
- Un second contrôle est organisé au moins un mois après le premier, pour vérifier les améliorations apportées.
- Si les résultats du second contrôle sont toujours insuffisants, le DASEN peut ordonner l’inscription de l’enfant dans un établissement scolaire. Les parents ont alors 15 jours pour inscrire leur enfant dans une école publique ou privée. L’enfant doit y rester inscrit pendant au moins le reste de l’année scolaire en cours et l’année suivante.
En cas de désaccord avec les conclusions du contrôle, les parents peuvent :
- Contester le rapport en adressant un recours gracieux à l’inspecteur d’académie.
- Saisir le médiateur de l’éducation nationale pour résoudre le litige.
Outre les aspects pédagogiques, l’instruction en famille peut aussi soulever des défis sociaux. En l’absence de scolarisation traditionnelle, les enfants sont souvent plus exposés à l’isolement et à des situations sociales limitées, ce qui peut influencer le développement de compétences interpersonnelles. L’absence de pressions des pairs peut être perçue comme un avantage par certains, mais elle peut également freiner la capacité des enfants à développer des stratégies de gestion des conflits ou de coopération.
Comment faire l’école à la maison : les défis de l’organisation
L’enseignement à domicile présente des défis uniques en matière d’organisation. Une gestion efficace du temps scolaire et un équilibre entre vie familiale et temps scolaire sont essentiels pour assurer le succès de l’instruction en famille.
Comment mettre en place une gestion du temps scolaire adaptée ?
Une gestion du temps scolaire adaptée est fondamentale pour enseigner efficacement à domicile. Voici quelques stratégies pour y parvenir :
- Créer un planning hebdomadaire avec des horaires fixes pour chaque matière, en tenant compte des besoins et du rythme de l’enfant. Cela permet de structurer la journée et de donner un cadre rassurant. Les cours particuliers éventuellement suivis doivent également y figurer.
- Bien que la structure soit importante, il est également crucial de rester flexible, d’autant que ce type de scolarisation le permet tout particulièrement. Par exemple, si un enfant éprouve des difficultés avec une matière, consacrez plus de temps à ce sujet.
- Utiliser des outils de gestion du temps comme des tableaux de planification, des applications de suivi et des alarmes pour structurer les journées. Des outils visuels peuvent aider l’enfant à comprendre et anticiper son emploi du temps.
- Intégrer des pauses régulières dans l’emploi du temps pour éviter la surcharge cognitive. Les moments de détente sont essentiels pour maintenir la motivation et la concentration.
- Planifier des évaluations régulières pour suivre les progrès de l’enfant et ajuster l’emploi du temps en conséquence. Cela peut inclure des tests formels ou des discussions informelles sur les progrès réalisés.
Le suivi des progrès : un aspect essentiel de l’école à domicile
Une gestion efficace de l’enseignement à domicile ne s’arrête pas à la création de plannings. Il est également essentiel d’établir un suivi des progrès lors des cours à la maison.
Les parents doivent évaluer régulièrement les compétences acquises et ajuster les méthodes pédagogiques en fonction des résultats observés.
De nombreuses familles choisissent de faire appel à des enseignants extérieurs pour renforcer certains points ou suivre des cours spécifiques via l’enseignement à distance, garantissant ainsi un apprentissage complet et soutenu.
Comment équilibrer vie familiale et temps scolaire ?
Équilibrer vie familiale et temps scolaire est un autre défi majeur. Voici quelques conseils pour y parvenir :
- Définir des espaces distincts pour l’apprentissage et les activités familiales afin de créer un environnement propice à la concentration, un peu comme une salle de classe miniature. Si possible, utiliser une pièce spécifique pour les études.
- Établir des routines quotidiennes qui intègrent du temps pour les études, les loisirs et les activités familiales, permettant ainsi de structurer la journée. Une routine stable aide l’enfant à savoir à quoi s’attendre chaque jour.
- Etre attentif au comportement et aux réactions de l’enfant (degré de motivation et d’engagement, fatigue, ennui..) pour comprendre ses besoins et ajuster le planning en conséquence. Discuter régulièrement des défis et des réussites pour ajuster l’approche pédagogique et maintenir un bon équilibre.
- Enseigner à l’enfant des techniques de bien-être, telles que la respiration profonde ou la méditation. Une bonne gestion du stress aide à maintenir un équilibre sain entre les obligations scolaires et les moments de détente.
- Solliciter un support extérieur : faire appel à des ressources extérieures, comme des groupes de soutien pour parents pratiquant l’IEF ou des professionnels de l’éducation, pour déléguer certaines matières à un enseignant en cours particuliers ou collectifs.