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Apprendre à apprendre, une compétence clé pour réussir sa scolarité

Article publié le 23 décembre 2019 (mis à jour le 03 janvier 2024) - 1 commentaires
10 minutes
Tony Buzan, un psychologue britannique créateur du concept de carte mentale (ou « mind map ») a écrit de nombreux ouvrages sur les techniques d’apprentissage. Il déplorait dès le début des années 1970 que l’école s’en tienne trop souvent à ce qu’il appelait la « pédagogie de l’éponge » : se contenter de présenter quantité d’informations à l’élève en attendant de lui qu’il les absorbe naturellement.
Laëtitia Leroy

Laëtitia Leroy

Responsable du service pédagogie Acadomia
Groupe d'élève en cours collectif Acadomia

Apprendre à apprendre, une idée neuve ?

Tony Buzan préconisait une « pédagogie de la découverte », qui consiste en premier lieu à « apprendre à apprendre ». Et l’avenir lui a semble-t-il donné raison, puisque la capacité à identifier et développer ses propres mécanismes d’acquisition apparaît de plus en plus comme une compétence clé pour réussir sa scolarité.

Savoir apprendre pour bien apprendre

L’idée qu’il faille savoir apprendre pour bien apprendre (voire avant d’apprendre) n’est en fait pas récente : dès le XVIIIe siècle, dans Émile, son révolutionnaire traité d’éducation, Rousseau insiste sur le « comment enseigner » plus que sur le « quoi enseigner » et écrit « Souvenez-vous toujours que l’esprit de mon institution n’est pas d’enseigner à l’enfant beaucoup de choses […] il ne s’agit point de lui enseigner les sciences, mais de lui donner du goût pour les aimer et des méthodes pour les apprendre ».

Impacts des changements économiques, technologiques et scientifiques

Si la notion n’est pas nouvelle, elle suscite aujourd’hui un net regain d’intérêt. Plusieurs raisons à cela, qui rejoignent celles qui expliquent l’essor de l’enseignement des soft skills : les mutations économiques et technologiques – flexibilité accrue du travail, transformation rapide des métiers, développement de la robotisation – qui exigent désormais de se (re)former régulièrement tout au long de sa vie professionnelle ; la remise en cause de la verticalité du savoir avec Internet, qui permet à chacun d’accéder à une quantité infinie de connaissances, à condition de savoir comment ne pas s’y perdre ou s’y noyer ; et enfin les progrès considérables accomplis par les neurosciences au cours de ces dernières années, qui apportent de nouveaux éclairages sur le fonctionnement du cerveau et questionnent les méthodologies d’apprentissage proposées aux élèves.

Apprendre à apprendre, un objectif éducatif désormais explicite

Ces évolutions ont conduit l’Éducation nationale à accorder davantage de place à l’enseignement des différentes façons d’apprendre. Cela figure même depuis peu en tant que tel dans les textes officiels.

Les programmes entrés en vigueur à la rentrée 2016 pour l’école primaire et le collège définissent cinq domaines du socle commun de connaissances, dont un est entièrement consacré aux « méthodes et outils pour apprendre » :

« Ce domaine a pour objectif de permettre à tous les élèves d’apprendre à apprendre, seuls ou collectivement, en classe ou en dehors, afin de réussir dans leurs études et, par la suite, se former tout au long de la vie. Les méthodes et outils pour apprendre doivent faire l’objet d’un apprentissage explicite en situation, dans tous les enseignements et espaces de la vie scolaire. »

Cet objectif avait été fixé au niveau européen dès 2006, le Conseil et le Parlement européens ayant adopté pour la première fois un cadre de référence des « compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie » : « apprendre à apprendre » figure parmi les 8 compétences ainsi définies.

Qu’est-ce qu’apprendre, pour commencer ?

Étymologiquement, apprendre vient du latin « apprehendere », qui signifie « prendre, saisir, attraper ». Comme le souligne Jeanne Siaud-Facchin, apprendre c’est littéralement « prendre en soi » ou « avec soi ». Dans Mais qu’est-ce qui l’empêche de réussir, elle explique qu’apprendre suppose qu’il existe un « objet de connaissance » à l’extérieur de soi et que nous devons mettre en marche des mécanismes pour nous approprier ce savoir externe.

Apprendre est en cela un mouvement, une action, et implique donc un effort. C’est ce qui explique sans doute que, pour reprendre les mots de Philippe Meirieu, le célèbre spécialiste des sciences de l’éducation et de la pédagogie, « tout le monde aimerait savoir, mais pas nécessairement apprendre ». Car apprendre est une démarche coûteuse, voire douloureuse ; elle demande tout à la fois d’accepter de ne pas savoir, de tolérer la frustration de ne pas y arriver tout de suite et même de prendre le risque de ne pas y arriver du tout. On comprend alors qu’apprendre fasse peur, tant il peut être difficile de se placer dans une situation si inconfortable ; et on comprend d’autant mieux pourquoi les élèves en difficulté, et à qui on n’a pas (assez) dit que la capacité à apprendre ne relève pas d’un talent inné, finissent par fuir les situations d’apprentissage, vécues comme humiliantes et sans issue.

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Apprendre à apprendre, ou le rôle central de la métacognition

La métacognition, c’est cette « petite voix » intérieure qui en permanence commente ce que nous vivons et ce que nous faisons, qui pense sur nos propres pensées. Elle nous guide, nous régule, nous permet de planifier et vérifier nos actions pour que l’on puisse atteindre tous nos objectifs… C’est, en somme, notre guide sur le chemin de nos processus internes. Elle est donc indispensable pour apprendre ou travailler efficacement : face à une tâche nouvelle ou plus complexe, nous devons, pour répondre efficacement à cette sollicitation, réfléchir aux savoirs et savoir-faire dont nous disposons et aux stratégies que nous pouvons envisager.

Expliquer à un élève ce qu’est la métacognition et surtout l’amener à devenir attentif à ses propres procédures métacognitives, c’est lui faire comprendre qu’il peut apprendre à apprendre. Bien exploiter sa métacognition, c’est en effet développer ses capacités à :

  • Savoir quand on sait ou quand on ne sait pas,
  • Comprendre qu’il y a plusieurs façons d’effectuer une tâche,
  • Comprendre que certaines procédures sont plus efficaces que d’autres.

La compréhension de ce qu’est la métacognition permet de changer la représentation qu’un élève se fait de la réussite scolaire : un élève n’est pas performant parce qu’il est « bon », il est performant parce qu’il maîtrise des procédures plus efficaces, procédures que tout un chacun peut s’exercer à utiliser.

Y a-t-il un bon moment pour apprendre à apprendre ?

La métacognition, indispensable donc pour apprendre à apprendre, se développe avec l’âge. Avant 7 ans (l’âge de raison), l’enfant a très peu accès à ses mécanismes de pensée, puis cette compétence devient peu à peu effective et de plus en plus efficace. À l’adolescence, on assiste à un véritable saut qualitatif de la métacognition grâce à l’apparition de la pensée formelle (pensée hypothético-déductive) qui ouvre la voie de la méta-pensée.

L’adolescence est donc une époque fantastique (si, si !) où le cerveau est très malléable et dispose de grandes capacités d’apprentissage : autant en profiter pour développer l’« apprendre à apprendre ». Cette entreprise ne doit bien sûr pas s’arrêter aux portes du collège ou même du lycée : il s’agit d’un travail tous azimuts, transversal, qui peut se faire dans la classe et hors de la classe. Apprendre à apprendre par soi-même se fait tout au long de la journée… et tout au long de la vie.

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  • Anonyme
    Le 20 octobre 2021
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Foire aux questions

Les réponses à vos questions…

La pédagogie de la découverte, préconisée par Tony Buzan, met l’accent sur l’apprentissage autonome et la découverte personnelle. Elle encourage à « apprendre à apprendre », permettant aux élèves de développer leurs propres méthodes d’acquisition de connaissances.

Cette approche est devenue cruciale en raison des changements économiques et technologiques, de l’accès facile à l’information sur internet et des progrès en neurosciences qui éclairent de nouvelles méthodes d’apprentissage.

La métacognition, ou réflexion sur ses propres processus de pensée, est essentielle pour apprendre efficacement. Elle aide à reconnaître ce qu’on sait, à identifier différentes manières d’effectuer une tâche, et à comprendre quelles méthodes sont les plus efficaces.

On peut aider les enfants en les encourageant à réfléchir sur leur propre processus d’apprentissage, par exemple en leur posant des questions sur leur compréhension et leur méthode de travail. Des techniques telles que la « technique de Sherlock Holmes » peuvent les aider à devenir plus conscients de leurs propres stratégies d’apprentissage.

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Portrait de la conseillère pédagogique Acadomia Isabelle Dary
Bonjour, je suis Isabelle,
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